Soyons sérieux avec... U2

Meme si l'industrie du show business a toujours eu ses petits secrets, il fut un temps ou les grosses ficelles n'étaient pas tolérées longtemps. Même si Milli Vanilli faisaient des tubes, le jour où on a appris qu'ils chantaient en play-back, ils ont disparu, exilés chassés. Aujourd'hui, on peut faire sa carriere entiere en playback, personne ne s'en offusque. Regardez Britney Spears, est ce que les gens vont la voir chanter ? non, ils vont voir la bête de foire médiatique, on fait semblant de ne pas voir la vérité parce que ça arrange le business. A un différent degré on assiste aujourd'hui au même phénomène pour les "dinosaures" du rock et de la pop. On se voile la face, on préfère éviter de le dire : les Rolling stones ne sont plus foutu de jouer correctement, Springsteen n'a pas un fait un bon album depuis des lustres, Madonna court après la mode mais ne la fabrique plus, Iggy pop joue dans des pubs pour des assurances et n'a pas écrit un titre depuis Ramses 2 et pourtant on se presse pour les voir, on les encense dans les médias sous prétexte qu'ils sont des artistes majeurs...majeurs dans leurs temps, oui, mais peut être n'ont ils plus rien à dire aujourd'hui. 

On va a un concert de Rolling Stones aujourd'hui pour célébrer leur carrière, pas pour écouter leurs derniers titres, pas pour souligner leur créativité. On veut les voir "en vrai", pour une grande partie du public, on est là pour se rappeler sa jeunesse. On se demande presque si la notion de "has been" n'est pas entrain de disparaître. Avant, 1 ou 2 albums moyen et hop, on était "has been", pas de place pour le surplace dans la musique. aujourd'hui c'est le culte de la nostalgie permanente.

Et si la même chose venait d'arriver à U2 ? Pour la sortie de son album, U2 a débarqué avec un single très moyen "get on your boots", et pourtant on leur a sorti le tapis rouge partout. On les a vu sur toutes les émissions de la planète, ( jusqu'à 1 semaine entière au letterman show aux USA, des gens à genoux pour les écouter au grand journal, la rue U2 a new york...), ils ont multiplié les shows privés, les interviews, et tout le monde de les congratuler. Mais les médias ont ils écouté l'album, ou étaient-ils simplement content de recevoir des "stars interplanétaires". Personne ne leur a dit que leur nouvel album n'était pas à la hauteur de leur statut, ou que leur single était moyen. Non, ce sont des intouchables, le groupe que les 40/50 ans tente de préserver à tout prix.

Par contre, au bout d'une semaine, aux USA le chiffre de vente de " No Line on the horizon" affichait 483 000 albums. Moitié moins que "how to dismantle an Atomic Bomb" en 2004, 840 000 exemplaires. L'album n'a pas tenu la 1ere place des ventes très longtemps. Vous me direz que c'est à cause du téléchargement, que depuis 2004 les ventes s'effondrent. Que dire alors de Coldplay qui en juin dernier vendait 721 207 albums la première semaine ? Tout simplement que Coldplay non content d'avoir signé une très bonne pub avec Apple qui vaut 1000 émissions télé pour la promo, est aujourd'hui un groupe plus jeune certes, mais créatif, et que leur single était un vrai tube. 

Voila, nous y sommes, U2 est entré dans l'ère des dinosaures du rock. Leurs stades seront remplis, on y verra des pères amener leur fils pour montrer le groupe qui a fait leur adolescence, des familles s'encanailler au son du rock, on y encensera leur longévité et leur carrière, mais plus leur créativité et on se foutra bien se savoir ce qu'il y a dans leurs derniers disques. Pas grand chose à vrai dire. On ira plus voir U2 parce que chaque album est un événement, mais parce qu'ils font une tournée, tout simplement. C'est disneyland. Il n'y a rien à attendre d'un album de U2, aujourd'hui, la créativité ne se trouve pas dans leur disque, mais ce n'est pas grave, les rolling stones sont vieux, la place va être à prendre, ainsi va la musique de nos jours. 

On ne brûle plus les vieilles icônes, on les conserve dans du formol pour les exhiber dans les médias et dans les stades. Les disques n'étant plus qu'un prétexte pour faire de l'actualité, et pas pour écrire des bons titres.

La nostalgie, pourquoi pas, mais il manque aujourd'hui aux médias un peu d'honnêteté. Arrêtez de nous mettre devant les yeux des stars en playback, ou des vieux groupes pour baby boomers en les présentant comme des Dieux. Il y a tant de créativité et d'artistes à découvrir, pourquoi servir la soupe à l'industrie musicale et ses vielles ficelles, aujourd'hui. Demain elle n'existera peut être plus, et avec elle disparaîtra le service de promo pour vous dire quoi passer dans les émissions de télé ou à la radio. Et là, ce sont bien des journalistes dont nous aurons besoin pour dénicher les prochaines icônes, pas des "passe plat".

archives du samedi:

14/03 : soyons sérieux avec...Lady Gaga