Quand Rihanna se prend une baffe, la presse people en prend pour 6mois. Quand Rihanna se retrouve nue sur internet, le buzz ne tient pas 2jours. Que se passe-t-il ? Loin de moi l'idée de faire de la sociologie de monoprix, mais je pose la question.
Au mois de février, quand Chris Brown s'est lâché sur Rihanna, ce fut un raz de marée médiatique. Avant même de savoir exactement ce qui s'était passé, avant d'avoir un témoignage, avant même d'avoir ne serait-ce qu'une seule photo, le presse en a fait des tonnes.
Les tabloïds, sans même une image on fait des dizaines de couvertures, et des semaines de discussions sur le sujet. A la télé, sur internet, partout, tout le monde a parlé de l'affaire Rihanna et des violences dont elle avait été victime. Quand le blog TMZ a sorti l'image du visage tuméfié de la chanteuse, le 20 février, la polémique a repris de plus belle. Tout le monde avait sa phrase sur le sujet, son avis, on en parlait dans les talk shows, on en faisait même des sketchs (comme Lisa Lampanelli sur comedy central).
Cette histoire a fait vendre du papier pendant quasiment 2mois, sans vrai témoignage et avec 1 seule photo. Violence + people, du pain béni pour la presse et le frisson pour le public.
La semaine dernière, la même Rihanna voit des photos d'elle, nue, sur le net. Des photos d'un téléphone portable, des photos comme on en voit depuis des années sur myspace. Et là, comme dirait Jacques Chirac, ça fait "pschiit'.
Une semaine après la parution de ces clichés, tout le monde s'en fout, plus personne n'en parle vraiment Le soit disant scandale n'aura pas tenu plus de trois jours. Il y a quelques années, ces photos auraient représenté un tabou ultime. Sexe + people c'était la meilleure équation pour la presse. Seulement , depuis ce temps là, internet a fait son travail. Le net a banalisé le sexe. Non seulement il a ringardisé ce qui paraissait transgressif avant (type playboy), mais il a aussi fait passé dans les moeurs les pratiques les plus extrêmes (très bien illustré dans l'épisode de south park sur internet), donc même l'équation People + Photo amateur ne peut plus faire recette.
Avant la star nue c'était l'objectif ultime, le jackpot. Avec les dernières photos de Rihanna ou Cassie la semaine dernière, on se dit qu'aujourd'hui, on est passé à autre chose. Voir les seins d'une chanteuse sur internet ? Quelle affaire ! En 1990 on en aurait parlé pendant 10ans ( à voir le livre scandale SEX de Madonna qui aujourd'hui parait aussi dangereux qu'une pub pour du yaourt). Alors que ma voisine de palier a certainement posté une video ou elle se fait gangbanger par 17 mecs sur un blog, ou que votre collègue de travail expose ses photos lesbiennes trash dans l'album photo de sa page myspace, comment trois pauvres clichés flous d'une starlette peuvent prétendre rivaliser aujourd'hui. C'est fini. L'amateur plus fort que le people à ce jeu là.
Bien sur, la public ira les voir, histoire de, mais dès le lendemain tout le monde aura repris son activité de pornographe averti sur internet en oubliant ce soit disant scandale, et on se foutra bien du pourquoi et du comment de ces photos.
On l'a vu avec Rihanna, aujourd'hui le dernier tabou d'une société habituée à tout voir, la dernière transgression , c'est la violence. Mais la nouvelle violence : l'assaut du people contre le people, entre stars qu'on croyait protégées.
La violence dans l'entertainment, ciné, littérature, jeux videos, rien de très dangereux.
La violence urbaine on connait aussi, elle fait peur, elle a toujours fait peur. Même si on parle encore aujourd'hui des grands faits divers qui jalonnent l'histoire, leur traitement avec la multiplication des médias et des informations est différent maintenant. La video de quelques mecs qui braquent un bus en France, ou la photo d'un adolescent mort au bord de la route ça révolte 2jours, ça fait autant de buzz que les photos nues de Rihanna, simplement parce qu'on oscille entre la banalisation et surtout, l'envie de ne pas voir. Un ado qui flingue sa classe, idem. Trop proche. C'est moche. On préfère ne pas savoir que ça se passe à coté. Une fois traité, aussi vite oublié. C'est pas l'éclate.
Par contre, Marie trintignant qui s'écroule ou Rihanna qui se prend des baffes, ça c'est de la bonne violence, n'est-ce pas ? La violence glamour, celle qui ne fait pas peur au public, la violence qui s'étale pendant des semaines en une. Le sexe a déjà subit sa mutation : aujourd'hui on préfère les sites "amateurs et scénarisés" aux images banalisées et léchées de Playboy. En revanche la violence et la star a pris le pas sur le voisin et son "fait divers" sans paillette. Le petit Gregory aujourd'hui se ferait manger tout cru par Britney spears se prennant un coup de boule par son Paris Hilton.
Mais que ce passera-t-il une fois qu'on sera arrivé au stade où les tabloïds auront ressorti tellement d'histoires sur la star battue, ou la star braquée que la banalité se sera installée et que le scandale ne durera que 2jours.
Peut être en arrivera-t-on à ce que Stephen King écrivait dans Running Man ( le livre hein ! pas le film), ou avant lui Robert Sheclkey dans une nouvelle adpatée en 1983 au cinéma par Yves Boisset sous le titre " Le prix du danger". Une société dont le principal divertissement télévisuel sera un reality show ou l'on poursuivra un inconnu dans les rues de la ville, dans l'espoir de lui faire la peau, devant les caméras. Paillettes, violence et intérêt du public retrouvé ! Le tout parfaitement scénarisé. Le bonheur !
Ca parait de la science fiction de penser voir ça, mais en 1961 le sexe était lui meme de la sicence fiction quand la Maréchale Juin disait : " Je n'ai pas la télévision. J'ai lu ça dans les journaux. Je trouve cela effroyable". Ce truc si effroyable dont elle parle, c'était simplement le bas du dos nu de l'actrice Nicole Parquin qu'on venait de voir passer furtivement sur l'écran de télévision. Un bas du dos ! Pas les jambes écartées de Nicole Parquin filmé en macro sur Youporn comme on pourrait le faire aujourd'hui
Alors, quand on en aura marre des stars castagnées, quand ça ne nous fera plus rien, il faudra bien faire vendre du papier pour le grand public. Le sexe people déjà balayé, et la violence people entrée dans les moeurs, il faudra bien trouver autre chose et donc suivre le même chemin de mutation que le sexe et internet : scénariser le quotidien, pour en faire un spectacle. Pas des faits divers aléatoires, pas juste des videos mal faites de happy slapping, ou de catch dans le jardin, non, du maitrisé, du mainstream. Mais ne vous inquiétez pas, ils trouveront.
1 commentaires:
Un malade finira bien par nous faire le même scenar que dans "Intraçable"...
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