j'avais écris un article que je n'ai jamais mis sur le blog, je le trouvais trop "geek de la musique", et cette semaine, Jimmy Iovine, le boss du label interscope lançait sur Rolling Stone : "le son digital fait du mal a la musique et aux artistes. Nous sommes la première industrie au monde a détériorer la qualité de nos produits, c'est fou".
Il n'a pas tort le bon Jimmy, la musique en prend quand même un sacré coups ces derniers temps, du coup j'ai eu envie de publier quand même cet article.
Je pense que 80% de ma vie je l'ai passée en musique, dans n'importe quelle endroit, dans n'importe quelle condition, sur n'importe quel support. Petit, j'avais une radio portable, gagnée dans je ne sais plus quel concours, une radio à pile, en mono, avec le seul haut parleur qui ne laissait passer que les medium, qui passait sa nuit allumée sous mon oreiller. Plus tard, avec un walkman j'ai pu en avoir plein les oreilles, et des années après, j'investissais dans une chaîne hi-fi digne de ce nom, pour écouter des vinyls ou les nouveaux albums qui arrivaient en CD. Ouais, c'était le 20ème siècle ! Au fil des avancées technologiques, il n'y avait qu'une chose qui motivait l'achat d'un nouveau support : le son. De même pour les groupes, le studio était primordial, le type derrière les manettes, celui qui masterisait comptait tout autant, à tel point qu'au milieu des années 90 le nom du producteur ou du mastering était écrit aussi gros que le nom du groupe sur les pubs.
Même si on était pas sur que les titres allaient être bons, au moins on savait que ça sonnerait. Même pour les styles les plus obscurs, avoir "produced by Scott Burns" sur un disque de death metal ça valait toutes les explications du monde. Bien sûr, ceci est encore plus valable sur les grosses productions, et les groupes qui avaient les moyens de se payer les meilleurs studios et producteurs. C'était la quête permanente du son le plus gros, le plus profond, le plus large, parfois pour des disques pas forcement extraordinaires, mais il y avait une vraie recherche.
Mais où en sommes nous aujourd'hui ? Avec la démocratisation de la technologie, beaucoup d'artistes enregistrent dans des home studio, avec une qualité supérieure en théorie à des productions antérieures. En théorie seulement. Comme pour tout produit, la qualité a un coût, que ce soit artistique ou financier.
J'ai acheté il y a 1 an, le casque "beats" développé par Dr Dre avec Monster, qui promettait d'entendre ce qu'on entend jamais sur un disque, et de restituer exactement ce que le producteur fait en studio. Effectivement, c'est bluffant, et ce casque m'a fait redécouvrir des albums que je connaissais déjà par coeur, en mettant en relief tous les détails du mix et les recherches sonores qui parfois passent à la trappe de nos enceintes hi-fi, ou de nos casques un peu cheaps. Et tout d'un coup se révèle quelque chose de bizarre : malgré toutes les avancées technologiques, peu de productions électroniques d'aujourd'hui arrivent à rivaliser avec la richesse sonore d'un "violator" de depeche mode, enregistré vingt ans plus tôt. Artificiellement, le son parait plus étoffé dans les disques actuels, parce que la technologie aide à gonfler et compresser, mais d'une manière plutôt grossière au final.
Je ne fais pas une généralité, mais c'est vrai que beaucoup de disques actuels sont produits d'une manière basique, comme si le fait d'être arrivé au sommet de la technologie et la multiplication des plug-ins numériques dispensait de faire attention au mix ou de trouver des idées originales. Bien sûr, tous les groupes n'ont pas des budgets incroyables, mais la technologie seule ne pâlie pas le manque de financement. Il y a toujours eu un parti-pris artistique qui changeait tout, de la musique lo-fi aux productions les plus léchées, mais aujourd'hui, j'ai l'impression qu'on se branche, on enregistre, on mixe, et "l'ordinateur nous mettra tout ça en place", tout est très aseptisé. Peut être y a t-il moins de "souffle", le son sort peut-être plus fort des enceintes, mais aucun groupe de rock en 2009 n'a le grain et la présence d'un "blood sugar sex magic" des Red Hot Chili Peppers, Un MGMT est tout étriqué dans son MP3. Bizarre.
Ca tient aux musiciens, mais aussi à l'intelligence du producteur, à la chaleur des enregistrements de l'époque et au travail autour du disque. Aujourd'hui c'est facile de s'enregistrer, donc peut être qu'on n'y fait plus aussi attention, qu'on va moins rechercher le truc bricolé et chercher à inventer..
Finalement, seul le RnB échappe a cette règle, puisque c'est la technologie actuelle qui a crée le style, et les producteurs utilisant cette technologie qui ont crée le son RnB. Mais tous les styles musicaux qui ont vu le jour bien avant la révolution numérique n'ont finalement rien gagné, un album de Kraftwerk enregistré en 70 et simplement remasterisé aujourd'hui réduirait en cendre n'importe quelle production électronique contemporaine.
Ca n'enlève rien à la qualité des morceaux, il y a de très bons groupes et de très bons titres, mais c'est un peu énervant de ne pas les entendre avec le son et un mix qu'on pourrait être en droit d'attendre aujourd'hui. J'ai pas mal d'albums assez mal enregistrés dans les années 80 et 90, et ça,on peut le comprendre et l'excuser. Aujourd'hui, moins. Surtout que ces albums qui datent de 15 ou 20 ans sont plus humains et vrais que les enregistrements soit disant "parfaits "d'aujourd'hui.
Mais c'est peut être de notre faute aussi, c'est le paradoxe des années 2000. Vous me direz : "on s'en fout du son puisqu'on écoute des mp3 téléchargés sur le net, encodés on ne sait pas trop comment, et sur les enceintes d'un ordinateur portables". Oui, c'est vrai, finalement on écoute de la musique aujourd'hui comme moi sur ma radio en mono, sous mon oreiller, quand j'avais 10ans.
Voila on y arrive, aujourd'hui, tout ce qu'on demande a un disque c'est qu'il sonne le plus fort possible dans des enceintes d'ordinateur. Qu'on le compresse au maximum pour que tout soit a fond, sans détail , sans fioriture. Pourtant les détails et les fioritures font souvent les grands disques Le mp3 détériore la qualité du son, et en plus de ça tout le monde travaille maintenant avec en ligne de mire "que ça sonne sur un ordinateur". A se demander si quelqu'un achete encore des chaines hi-fi.
Sans faire mon aigri de la musique (je suis bien content d'avoir 3000 titres dans un seul telephone portable) c'est quand même dommage de perdre de la richesse sonore alors que la technologie devrait rendre grâce au travail des musiciens et des producteurs, ou tout du moins, ceux qui font vraiment leur travail. Alors oui, en 2009 c'est gros, oui c'est fat, oui on a des grosses basses, mais ce n'est pas pour ça que ça sonne vraiment bien.
à lire sur Rolling Stone :
Can Dr. Dre and Jimmy Iovine Rescue Sound?
8 commentaires:
Très bon article, bien vu.
C'est drôle je me faisais cette réflexion en écoutant "Blue Monday" à fond dans mon casque. Ce titre a plus de 25 ans, et j'ai l'impression que j'entendrai toujours un son nouveau dedans, à chaque écoute.
Ont peut avoir du très bon son sur "ordinateur" comme tu dis. Bien sur, la majorité des gens ont du Mp3 (le débat est le même pour les appareil photos, démocratisation par le numérique, qualité de merde pour tout le monde et aucun sens de la photo...) mais ont peut aussi mettre du wave et d'autres formats beaucoup moins compréssés que le mp3. Faut juste faire l'effort de trouver ces formats (notamment en achetant les cds...).
Tchouk:
tu sais tout comme quoi que "l'effort" c'est ce que plus personne ne veut faire...:)
Je te remercie d'avoir eu la bravoure d'écrire et de publier un tel article qui n'aura surement aucun sens ni aucune pertinence pour les trois quarts de la population d'une rame de métro Parisien qui à chaque trajet s'introduit machinalement une paire d'écouteurs dans les oreilles pour en laissé s'échapper des sons qui aurait la même importance qu'une musique "d'ambiance"diffuser dans un H&M.
Pour les sceptiques et les ignorants,je pense qu'une expérience plus que probante réalisable à la maison pourrait soutenir ta thèse, on a cas faire une comparaison avec deux sujets très différents:
1er-Téléchargez le 1er et le dernier album de Sliimy en mp3 sur le Itunes store sur votre -ordinateur(portable ou pas). -installez-vous devant
-désalter vous à l'aide votre bouteille de vitamin water
-engloutissez votre tartelette monoprix à la fraise
-le tout bien évidemment, en checkant votre page facebook
-faites péter les watts dans la machine à subwoofers ou dans vos micro-enceintes de manufacture taiwanaise
-écoutez cet album du début jusqu'à la fin pour les plus hardis...
Ca y est ? C'est parti pour la prochaine étape.
2eme-Procurez-vous une copie vinyle(achat,vol,racket,troc,...tous les moyens sont bon)de l'album des Pink Floyd nommé Meddle
-Détendez-vous,respirez profondément,allongez-vous,laissez votre esprit vagabondé
-Fumez une cigarette,un joint ou pas selon les besoins et les envies personnels
-Allumez votre ampli et faites démarré votre platine B&O et c'est bon,l'Experience peut commencer. ... ?.. ....???... ??... !... ..... !!!... !!!!!????.... ???...!!!!??!!!!!...
Si seulement vous aviez eu assez de temps à perdre après avoir lu mon post ça aurait été à vous de déduire laquelle des deux écoutes vous a donné l'impression de visiter promptement le duty-free shop d'un aéroport quelconque et laquelle vous a inconsciemment projeté dans les moindres recoins
d'un univers très particulier qui demeurait depuis tout ce temps, inexploré.
Si cette expérience ne vous convainc pas que l'évolution des technologies dans le milieu la musique n'est pas forcément un progrès ça peut vouloir dire que vous avez arrêtez de réfléchir et que vous êtes surement pourri de l'intérieur ou alors que vous n'avez tout simplement pas vécu ce genre d'Expérience unique.
Continuez de dormir sur vos deux oreilles.
C’est vrai aujourd’hui que le bricolage n’existent plus trop, j’entends par là « recherche », « éssayage »en studio même si on peut toujours triturer avec grâce en cliquant et y’a plein de killers méga doués pour ça !
Peut-être qu’à l’époque du hardward , les câbles, les boitiers et tout un tas de merdier qui encombraient les apparts provoquaient la tentation de brancher ceci dans cela pis de le repasser ici pour le récuperer autrement ?
C’est précisement le fruit de la recherche de pas mal de grands producteurs d’avant . Ainsi sont nées des astuces de traitement qui ont embelli certains tubes et albums mythiques et, qui comme tu le dis, bluffent encore autant à ce jour.
Le reflexe du bricolage audio dans le studio aujourd’hui c’est un peu comme « ready salted » sur un paquet de chips et certains producteurs maintenant ne se cassent plus la tête.
Merci également de parler de la compression insolente qui est devenue obligatoire sans quoi tu n’as pas le gros son et tu passes pour une lopette.
Le mix final est devenu UNE LIGNE totalement uniforme et surboostée de partout.
J’avais lu un article d’un chercheur du Cnrs qui démontrait que cette solution avait tendance à fatiguer très rapidement l’oreille.
Pour illustrer l’inverse, prenons « Give me the night » de George Benson et écoutez ce qu’on a perdu : un groove aéré qui respire, où tous les instruments ont une place digne et la voix qui régit le tout avec tact. Tout ça donne une fluidité agréable qui participe sérieusement à restituer la sensualité du morceau.
Aujourd’hui un titre de RnB qui se veut sensuel va proposer un mix/mastering aussi tendre et doux qu’une claque dans la gueule.
J’avoue que j’adore écouter les 25 couches de voix de Brandy, surboostées-égalisées à outrance pour donner des chœurs qui me font grave bander.
Pis ça a aussi son bon côté quand la basse et le bassdrum claquent jusqu’au sang mais ça fatigue très très vite et le morceau a quand même tendance à ne devenir qu’un truc qui fracasse point barre.
Bref on y peut rien, tant pis tant mieux, c’est la couleur de l’époque et d’ailleurs inconsciemment quand c’est pas surboosté on fait la gueule.
C’est juste normal que la technologie influence directement la façon de faire sa cuisine et ça peut donner des choses merveilleuses mais pour la pop et surtout le RnB faut bien avouer que quelques fois ça fini par influencer le song-writing en lui-même et certains morceaux vont jouer à mort sur le son pour délaisser la richesse des ingrédients.
Je me demande si le Beats de Dre est un bon investissement sachant qu'il a une fréquence Hifi basique de 20-20KHz et que pour une centaine d'euros on peut avoir un casque avec une fréquence plus large?
Ma meilleure réponse est de te dire qu'il suffit de se le mettre sur les oreilles pour avoir la réponse, ça vaut tous les discours techniques ;) vraiment !
Lecasque de DRE est NAZ. (je suis ingé son je sais de quoi je parle ...) Bande passante risible, bas du spectre etoufé ... Essayer un GRADO PS1000 un SENNHEISER HD800 ou meme un HD650 (qui coute presque le meme prix ...) et vous verrez ce que c'est qu'un vrai casque. Ce casque c'est juste un coup marketing car "ca fait bien" d'avoir ca sur les oreilles ou autour du coup. genre "je suis audiophile ... " .
Bon article cependant ...
Enregistrer un commentaire