Salut les amis, ou l'ami, s'il ne reste plus qu'une seule personne qui passe ici.
Ça fait combien d'années que je n'ai pas vraiment écrit sur ce blog ? je ne sais même pas. Comme je suis un homme de parole, j'avais dit que si le retour de Gaga était réussi je ré-ouvrirais le blog au moins pour un article.
Normal, c'est ce qui a alimenté les colonnes des commentaires ici. Souvenez vous, à l'époque j'étais seul à essayer d'expliquer que Gaga était une artiste et qu'elle deviendrait certainement une des plus grandes popstar. Elle l'a fait. Alors que tout le monde pensait qu'elle n'était qu'un pantin qui chantait de la dance avec 2 notes. Apres la sortie de son single vendredi, elle est revenue, comme ça, dans un club, sans rien, à l'arrache, et bien sûr que c'est de la communication. Mais elle fait de la com avec sa musique, en live, brut, sans fioriture, ce que peu de popstars actuelles pourraient faire.
Pas la peine de vous refaire sa carrière, il y a eu des hauts des bas, mais en tous cas il y a une chose qui est, et qui restera et qui la placera toujours au dessus et qui n'est (enfin!) plus à démontrer, c'est qu'elle est une musicienne, performeuse, artiste. Katy Perry pourra toujours vendre des millions de disques, c'est une merde en live, incapable de chanter. Elle est planquée derrière son playback et est incapable d'avoir l'air crédible avec un instrument. Beyonce à beau avoir construit une légende autour de son personnage de diva, elle ne se mettra jamais en danger artistiquement. Elle reste bien tranquillement dans son périmètre. Elle chante, oui, Elle danse, oui. Elle aspire la créativité des autres pour gérer son empire, sans doute. Mais est ce qu'elle est capable d'être autre chose que "Beyonce où rien ne dépasse" ? Non.
Beyoncé, à part être Beyoncé, dites moi depuis combien de temps n'a t'elle pas eu un hit ? un vrai putain de hit, un truc que tout le monde connait, même ta grand mère, et qui reste numéro 1 des ventes ? Parce que c'est quand même ça le salut d'une popstar, ce n'est pas juste d'avoir de l'influence, c'est de faire des hits, on parle de musique. Beyonce ? Dernier numéro 1 au billboard : DECEMBRE 2008 !!!! Merci d'arrêter de faire passer Beyonce pour la reine de la musique, bien sur c'est une star, un entertainer incroyable, mais une reine de l'image ultra controlée, du photoshop instagram, un robot à communication, un bot vocal, un algorithme dansant, mais musicalement zéro influence depuis longtemps. Et j'ai beaucoup aimé Beyoncé, ce n'est pas de la haine gratuite, juste un peu de recul sur le fait qu'elle n'a rien à proposer à part une simple vitrine depuis presque 10ans.
Même Taylor Swift, que vous détestez certainement, est capable de prendre le risque de passer de la country à la pop et d'exceller dans les deux domaines et de faire des hits à chaque disque. Depuis qu'elle est passé à la pop sur ses 2 derniers albums RED et 1989, Taylor vend le double des albums de Beyoncé. Le double. Elle peut même se permettre d'écrire en douce les paroles de Rihanna pour son hit avec Calvin Harris. Rihanna justement, elle enchaine les hits et même avec son album le moins commercial, ANTI (et le plus réussi artistiquement) a placé un N°1. Pendant ce temps Beyoncé vend des brassières et des leggings et soigne sa com.
Sorti de la course aux numéro 1, Taylor peut faire un concert avec Def Leppard pour CMT Crossroads sans problème, Rihanna peut toucher au rock, au hip hop, à la dance, passer de Slash à Calvin Harris sans sourciller et rester elle même. Gaga est loin de ses années en haut des charts de la pop, mais artistiquement elle excelle là ou on ne l'attendait pas. Elle passe de la dance la plus outrancière à un album de jazz avec Tony Bennet tout en s'affichant avec Anthrax, en parlant d'Iron Maiden sur Reddit tout en récoltant un Golden Globe pour American Horror Story etc etc etc... elle n'a pas besoin de contrôler, elle maitrise l'artistique. Nuance.
Elle aime la musique plus qu'elle ne cherche la musique qui va lui servir.
Beyonce, Perry, se mettre en danger, réagir comme des artistes, des musiciennes, pas des images, sortir de leur zone de confort ? Non (et je ne parle pas de Ariana Grande, Selena Gomez....). Elle font ce qu'on attend d'elles, elles utilisent la musique, elles ne la font pas. Le superbowl ? l'une et l'autre c'est du buzz et de l'image, la musique, pas grand chose a foutre, tu peux couper le son ce sera pareil.
J'aime la pop, j'aime écouter ces trucs sucrés et ces hits éphémères. Mais un hit de Ariana Grande ou Selena Gomez, ou Perry, peu importe qui le chante, c'est surement Max Martin ou Dr Luke qui leur aura composé et produit de A a Z, ça n'est que de l'image ensuite. Il n'y a pas de personnalité musicale. Une fois la valse des producteurs passée, il ne restera rien d'elles. Contrairement à Gaga ou à Taylor Swift (qui a cédée aux sirènes des mêmes producteurs) qui pourront reprendre une guitare ou un piano à 40ans et continuer une grosse carrière sans l'aide de Max Martin ou Shellback.
Bref, tout ça pour dire que le retour de Gaga n'est pas forcement son meilleur titre, qu'elle ne sera peut être pas numéro 1, mais ce qui m'a frappé c'est que ce retour se fait exactement là où j'ai toujours dit que Gaga était LA meilleure : c'est une musicienne, sa personnalité tient dans cette singularité par rapport aux autres, tout simplement.
Perso je m'en tape que les groupes que j'aime ne soient pas numéro 1, ni les plus gros vendeurs (donc je comprends que certains vouent un culte au clown Kanye West dont les seuls n°1 sont un sample de Daft Punk et un de Ray Charles...). C'est vrai qu'en dehors de la pop, ce qu'on écoute n'a pas forcément vocation à vendre des millions, et si ça arrive tant mieux, mais ce que j'aime en premier lieu c'est que les artistes que j'écoute soient honnêtes avec la musique. Les charts en dehors de la pop ça n'a pas grande importance je vous l'accorde, Bowie lui même n'a jamais eu un album classé n° 1 avant sa mort. Mais quand on parle des petites chanteuses à la mode, c'est un bon baromêtre.
Que ça vous défrise ou non, Gaga est plus Bowie que Katy Perry (Perry c'est plutot Sheila qui aurait réussi). Ca fait 7ans que je le dis , donc je ne vais pas le ré-écrire (vous lirez les vieux articles). Gaga est capable de jouer dans un stade comme dans un club. Elle est capable de jouer, non pas la comédie sur scène, mais de la musique, elle est capable de chanter, avec sa voix.
J'ai vu toutes les popstars en live, toutes, de Kylie Minogue à Perry, Aguilera, Rihanna, Beyonce....oui c'est souvent réussi, il y a du show, de la superproduction, quelques fois même ça chante en live...c'est très bien, mais qui est une véritable musicienne dans le lot, avec autant de talent que les artistes qui ne sont pas dans la pop ? Lady Gaga.
Elle est comme un groupe de rock, de hip hop, elle n'a besoin d'aucun artifice pour faire sa musique. Bien sur qu'elle fait du show, parce qu'on aime tous être diverti et avoir du spectacle, mais quand il faut le faire simple, elle peut, sans rien perdre. Cette video de sa prestation de Perfect Illusion dans ce club, c'est comme quand tu vas voir ton groupe de rock préféré, tu n'en as rien à foutre de où il joue, du décor où je ne sais quel subterfuge. Tu vas écouter la musique que tu aimes, et les mecs en face de toi la jouent vraiment. Il n'y a que Gaga qui gagne à ce jeu là et encore une fois elle le montre avec cette prestation. Elle peut être au top de tout ce qu'on attend de la popstar comme être une musicienne de bar, ce grand écart, il n'y a qu'elle qui peut le faire.
Voila, rien qui ne va changer la face du monde, rien qui ne va changer ce que les gens pensent d'elle, tout le monde restera dans son camp pro ou contre, mais je suis content de voir que les années passant c'est toujours elle qui est en place, en dehors de ce qu'on attend de la popstar classique.
Les gens ont la mémoire courte, mais c'est elle qui a changé le game de la pop avec des tenues dingues, et des trucs extravagants que toutes ont copiés (Perry et Beyoncé en premier...) C'est elle qui a remis au gout du jour la flamboyance glam et over the top dans la pop, et ça maintenant avec le recul, c'est devenu un fait.
Même si toutes les popstars des 00s/10s ont copié le fait de se mettre en string avec des paillettes, des lunettes de l'espace, des perruques et des looks mongols, elles ne pourront jamais copier le fait de prendre un instrument et de jouer et chanter sa musique. Katy Perry sera toujours obligé d'avoir un autotune au cul et Beyoncé des chorégraphies et des clips videos pour faire oublier que sa musique n'est pas à la hauteur de l'image.
Lady Gaga ne fera peut être plus jamais de tube, mais pour moi, elle sera plus respectable que toutes les autres, car c'est une musicienne. Et dans ce monde ou n'importe quoi avec un ordinateur peut passer pour un musicien ou un chanteur, le fait qu'il reste des vrais artistes musiciens dans la pop (je parle pas du rock ou d'autres styles), c'est important. Ses collaborateurs sur son nouveau disque : Josh Homme, Beck, Florence Welsh, Tame Impala, Mark Ronson...leur point commun : des vrais artistes et musiciens. Ca met quand même bien à mal tous les commentaires assassins sur le blog il y a 6 ou 7 ans, quand beaucoup disaient que Gaga c'était du vent, artistiquement parlant. Elle est toujours là et avec un beau casting.
Voila, maintenant, je n'attends qu'une chose dans la pop, c'est que Taylor Swift arrête d'en faire (elle n'est pas une bonne performeuse) et revienne à la Country. Elle est bien meilleure songwriter que popstar. Et à ce jeu là, c'est elle qui plane au dessus des autres, mais ça c'est une autre histoire... ;)
hello, vous le savez je ne poste plus grand chose, par manque de temps, fainéantise ou autres activités, mais il y a encore des choses qui se passe sur ROCKYRAMA. et Aujourd'hui histoire de changer un peu de l'actualité, je parle de musique avec des casques :
Depuis hier soir, je pense beaucoup a Daniel Darc. Beaucoup d’images et de souvenirs remontent à la surface. Des images qui ont plus de 10ans, le début des années 2000, la chance d’enregistrer avec lui, presque par hasard, un titre fantôme, un morceau qui n’existe pas vraiment dans sa discographie et la rencontre avec un être humain entier, poétique, parfois surréaliste.
Nous étions un jeune groupe, perdu dans l’est de la France. On preparait notre premier album, plein d’espoir et d’insouciance, comme n’importe quel musicien encore vierge dans l’industrie musicale. comme tous, notre seul but etait d’accrocher un concert le weekend prochain, une premiere partie a Paris de temps en temps et esperer qu’à force de tourner tout ça finirait par payer. un label indé venait de nous proposer de sortir notre premier disque en licence, ça y’est c’etait parti, enfin en tous cas on y croyait.
Au milieu de ce joyeux bordel qu’etait ce disque, mélange de metal, de pop, de new wave, d’electro mal foutue, de guitare synthés, de boites à rythmes et de riffs punk, il y avait une reprise, «cherchez le garçon» de Taxi Girl.
On ecoutait pas de trucs français à l’époque, on en avait presque jamais écouté, nos influences c’etait le hardcore, le thrash metal, le punk, et de l’autre coté Kraftwerk et Depeche Mode et au milieu rien. Pour nous qui avions 10ans au milieu des 80s, les groupes français qui chantaient en français c’etait Indochine, c’etait le top50. Quoi qu’on en dise, même en revenant 15ans après avec un look de Marilyn Manson edulcoré, Indochine c’etait un putain de truc de variété, il etait hors de question d’ecouter un groupe qui faisait danser dans les fins de soirées étudiantes pour nous c’etait une blague. On ne bouffait pas de cette supercherie. C’etait Bad brains, Slayer ou Biohazard, mais certainement pas des mecs qui chantent en français pour le Top50, à part quand on avait envie de rire. Oui, on etait des jeunes cons, mais on avait bien raison (en tous cas pour indochine).
Et au milieu de toute cette débauche de metal, il y avait un truc qu’on aimait tout particulierement, c’etait le son froid des 80s, celui avec lequel on etait passé de l’enfance à l’adolescence, et donc il y avait une exception en france, qui pour nous s’appelait Taxi Girl. Pourquoi Taxi Girl ? Je n’en sais rien, et je ne vais pas me lancer dans une analyse comme un journaliste musical, parce qu’il n’y a pas d’explication à la musique. tu aimes ou tu n’aimes pas.
Donc voila, on voulait mettre une reprise de «cherchez le garçon» sur notre disque, alors qu’on ne chantait pas en français, qu’on avait jamais fait autre chose que de balancer des guitares avec de la distortion a fond, que ce n’etait pas vraiment un groupe à la mode, que les plus jeunes autour de nous ne savaient deja peut etre plus qui ils etaient, mais on aimait ce titre.
Un jour, une amie qui avait quitté l’Est pour Paris nous dit qu’elle connait Daniel Darc, ils sont voisins et elle pourrait lui faire ecouter notre maquette.
Wow, et si on lui demandait de venir sur le disque ?
On etait pas à Paris, on ne s’etait jamais interessé à la scène française autre que indé, voire ultra indé, on ne connaissait pas l’histoire autour de Darc et de taxi Girl. J’etais incollable sur le premier Ep du plus obscur groupe de Straight Edge sorti sur un label suedois, je connaissais n’importe quel crédit sur n’importe quel disque de Suicidal Tendencies, on recuperait des K7 démos de groupes de grindcore philippins sur des stands dans des concerts en Allemagne, mais l’histoire des groupes français, c’etait trop loin de notre monde. Les inrocks ? jamais lu, rien à foutre. Internet ? en France ça commençait, donc on etait pas abreuvé de trucs dont tu ne veux rien savoir. On ouvrait Napster pour essayer de telecharger l’album introuvable de Deadsy, chaque chanson prenait 40min à charger, pas le temps de s’attarder de pres ou de loin sur un truc qui ne t’interessait pas.
tu voulais te couper du monde, tu coupais la radio et tu pouvais vivre dans ta scène. Aujourd’hui même si tu ne veux pas entendre parler justin bieber, tu vas en bouffer toute la journée sur le net.
Si tu le désirais, la musique n’etait pas intrusive, se couper de toute la production qui ne nous interessait pas n’etait pas compliqué.
Donc voila, pour moi Taxi Girl c’etait de la musique, 1 album en vinyl et 1 maxi 45 dans mes affaires et c’est tout.
La mythologie et les histoires autour de Daniel Darc ce n’etait pas mon probleme, tout ce que je voyais c’est qu’un mec dont j’adorais la sensibilité musicale, le coté brut et romantique en même temps, pouvait avoir dans ces mains notre Cd et le clin d’oeil qu’on lui faisait.
On lui envoie le Cd (oui on envoyait pas de titres par mail à cette époque ), notre amie le fait ecouter à Daniel et lui demande si il voudrait bien poser quelques phrases sur la reprise.
On s’appelle, on se parle, le premier truc qu’il dit sur la reprise c’est «vous avez retiré tout le coté romantique de la chanson». Ce n’etait certainement pas un compliment, mais en même temps il aimait l’esprit punk, donc une bande de jeunes connards qui ne respectent absolument pas un titre que tout intello de la pop a mis sur un piedestal et qui le crachent comme ça leur vient ça l’a fait marrer.
Il commençait à l’époque l’écriture d’un livre, et il me dit qu’il aimerait bien venir en studio pour le titre et ensuite rester 15j chez nous pour ecrire. Ok, pour moi Daniel Darc etait une légende, déjà je trouvais ça absolument incroyable qu’il vienne, chez nous, pour enregistrer, mais voila qu’il voulait rester pour travailler. J’hallucinais, si il avait simplement envoyé un mot sur un bout de papier en disant «j’ai écouté votre reprise, c’est de la merde», j’aurais deja trouvé ça incroyable. Mais pas de problème.
Seulement c’est vrai qu’à l’époque Daniel Darc etait un fantome pour le show business, il avait été oublié, mis à la casse. Ceux qui lui décerneraient une médaille en chocolat amer quelques années plus tard en forme de victoire de la musique étaient les mêmes qui le disaient fini. il n’interessait plus personne.
On a compris assez rapidement pourquoi, dès qu’il a posé le pied chez nous. Daniel c’etait un putain de personnage. Et il fallait avoir un santé de fer pour le suivre, être à la hauteur de la personnalité incroyable, du mec infatigable, toujours a fond, avec qui il n’y a pas de jour, pas de nuit.
J’ai toujours vu Daniel comme une sorte de génie fou depuis cette rencontre.
C’etait dingue, tu passais 12h en studio avec lui, il ne se passait rien pendant 10h et d’un seul coup il touchait la grace. Mais vraiment.
On passe presque toute la premiere journée au studio a ne rien faire, on avait quasiment pas dormi la veille. Daniel n’etait pas vraiment du genre à aller se coucher, et lorsqu’a 7h du matin on a enfin décidé qu’il etait temps d’aller se poser, c’etait sans compter qu’a 8h, il viendrait frapper à la porte de ma chambre : «jerome, viens on va acheter a manger et à boire». quoi ? mais ça fait même pas 1h qu’on est couché et la journée recommence déjà ? On se disait que si vraiment il restait 15j chez nous pour écrire, à ce rythme là il allait nous enterrer, mais bon c’était lui l’invité alors allons y. Et puis je ne me sentais pas de le laisser partir seul en vadrouille n’étant pas vraiment sur de savoir si j’allais pouvoir lui remettre la main dessus dans la journée. Autant être honnete, il n’avait pas l’air d’être dans le meilleur moment de sa vie et c’etait mieux que quelqu’un soit avec lui.
Comme il etait clair qu’on allait pas reussir a bosser ce jour là, on sort du studio, on se ballade, on rentre dans un magasin de disque et c’est la que j’ai compris que Daniel Darc n’etait peut etre pas fait pour la vie normale, mais que l’art, l’ecriture et la musique etait ce qui le faisait vivre. A l’interieur, il s’est transformé, au milieu des disques et des livres, il n’etait plus le même. Il n’etait plus celui qui parlait de choses et d’autres, passant d’un sujet a un autre parfois avec une certaine incohérence, il etait lui. Le discours avait changé, il me montrait des disques, pop, classiques, rock, il me parlait des compositeurs, de gens dont je n’avais jamais entendu parler, d’oeuvres classiques auxquels je ne m’etais jamais intéressé. J’etais impressionné et fasciné par la culture de l’homme et la dualité du personnage, celui parfois dans un autre monde, marqué par le passé, les félures, et le passionné de littérature et de musique qui pouvait disserter de tout.
Retour au studio, on s’y met enfin, Daniel avait proposé d’ecrire quelques lignes sur le pont du titre, l’enregistrement se fait rapidement, ok voila c’etait fait. On avait terminé «cherchez le garçon», avec lui. Les puristes détesteront cette reprise martial et brute, mais on l’a faite avec lui et pour ça c’est beau.
Il nous demande si on a envie d’ecrire 1 ou 2 morceaux ensemble. tu parles ! On aurait jamais osé lui demandé. C’etait fou, on se retrouvait en studio, c’etait notre tout premier album apres quelques Eps, premier vrai disque, et voila que Daniel Darc nous proposait de composer avec lui.
Il avait apporté un melodica, il se met a genoux dans le studio et commence a en jouer. Honnetement, je me demandais vraiment ce qu’on allait pouvoir faire. Notre façon de composer était assez primitive, on cherchait un riff et on jouait, là on se retrouvait avec un type qu’on adorait, qui nous jouait des aires au melodica, et je pense qu’aucun d’entre nous n’avait le courage de lui dire : «Daniel tu sais on est pas vraiment musicien, on vient seulement d’apprendre a sortir autre chose que des riffs de punk, on a jamais composé autrement qu’avec une distorsion a fond, jamais touché a un piano, ou tenter de faire quelque chose de plus ou moins doux et harmonieux, alors là tu nous poses une colle avec ton melodica».
On avait une sorte d’interlude un peu bizarre qui trainait sur un enregistrement, ça pouvait etre un bon début de quelque chose. On le fait écouter a Daniel, on le retravaille, il aime. il prend une feuille, part dans la cabine d’enregistrement, et ecrit quelques phrases.
Finalement ça prend des heures, la nuit peut etre, je ne sais plus vraiment. On enregistre, on laisse tourner, Daniel nous raconte des moments de sa vie au micro, lit quelques passages d’un livre. Personne ne dit rien, on se regarde, on le laisse parler, on ne fait pas le titre, on se retrouve avec des minutes, des heures de monologues, de poésie, d’anecdotes.
Et puis là, au moment ou il décide que c’est ok, on envoie la musique, il chante ce qu’il a ecrit et tout le monde resté scotché. On se disait que c’etait mort, que ça partait d’une bonne intention mais qu’on ne ferait pas ce morceau et là il le chante, on a les poils qui se dressent. Daniel Darc est là, derriere la vitre, dans la pénombre, il chante, sur notre disque.
Nous qui n’avions jamais ecrit une phrase en français, qui pensions que ce n’etait pas «cool», il nous montre en quelques minutes comme cela peut etre beau, touchant et intense.
Je n’avais jamais chanté en français, et pour une premiere me voila entrain de le faire avec Daniel Darc, dans notre studio, c’etait impressionnant.
Ce titre ce n’est peut etre pas le meilleur de sa carriere, il n’est peut etre qu’une anecdote qui ne figurera jamais sur sa discographie, mais on l’a fait ensemble et depuis hier je ne repense qu’a ces quelques jours ou tout a changé et ou Daniel Darc à fait évoluer ma vision de la musique et de comment on pouvait l’appréhender. Maintenant on était prêt a envisager de chanter en français. Ce serait peut etre nul, mais on pouvait le faire.
Quelques temps après, nous sommes venus a Paris pour jouer, Daniel etait là, notre amie qui nous l’avait présenté avait envie de commencer à réaliser, on a fait un clip, en amateur, pour le fun. Il a fait une apparition dedans, comme ça pour le plaisir, de la même maniere qu’il etait venu a Besançon, faire de la musique avec un groupe qui l’aimait bien.
Je n’etais pas là quand il est reparti de la gare de Besançon, mais mes 2 amis qui l’ont accompagné m’ont dit qu’il etait rentré dans le train, resté debout derriere la porte et levé le poing pendant que le train partait, à la maniere de Judd Nelson a la fin de Breakfast Club. Qu’est ce que ça voulait dire ? Peut etre etait-ce le poing de la victoire, celui d’avoir reussi a faire sortir quelque chose d’inatendu à des musiciens, et aussi le poing qui disait «je suis toujours là». 4ans plus tard, Daniel sortait crêve coeur, et oui il etait toujours là.
Le titre que nous avons ecrit et enregistré avec lui le voila, il s’appelle ghost. Pourquoi ? je ne sais pas.
bon désolé comme vous avez pu le voir, plus trop de temps pour blogger, pour s'enerver pour balancer de la mauvaise fois en plus de 140 caracteres. le monde moderne m'a rattrapé. donc pour suivre les aventures de votre serviteur, coup de gueule, pouces en l'air et autres sautes d'humeurs, je vous conseille twitter (@newwavehooker), c'est encore le meilleur moyen (y'a meme un instagram newwavehooker). Et peut etre à bientot, même ici, qui sait.
Excellent concert de Cancer Bats hier soir a la boule noire, massif et rugueux. Oui, on croit toujours qu'on en a fini avec les groupes a guitare, mais en fait, non.
et mention spéciale à la france et à Vera Cruz pour cette premiere partie physique !!